Mardi 23/09/1997 à 10:46:38

Mines antipersonnel: un usage pervers de la technologie

Chaque année; des milliers d’innocents sont encore victimes d’actes de guerres qui relèvent du terrorisme.
Elles sont généralement posées pour retarder l’avance de l’ennemi ou pour le détourner de sa route. Elles ont aussi pour but de le harceler en faisant des morts et des blessés dans ses rangs. Des millions de mines actives sont ainsi dispersées dans plus de septante pays. Chaque mois, elles tuent 800 personnes et en mutilent 1200, soit une victime toutes les vingt minutes! Ont-elles au moins permis d’atteindre leur but militaire? Les données disponibles attestent que même lorsqu’elles sont employées massivement, les mines antipersonnel ont peu, voire pas d’impact sur l’issue des hostilités. Le problème des mines antipersonnel a pris une dimension qui dépasse largement la durée d’un conflit armé. Les mines peuvent rester opérationnelles des dizaines d’années après leur déploiement. Elles mettent alors en péril la survie même des populations concernées qui se voient privées de la culture et de l’élevage. Dans certaines parties du Cambodge, les amputés représentent 20% de la population et le carnage se poursuit! La faiblesse des moyens financiers empêche souvent un déminage complet, car selon l’ONU, le prix d’une mine varierait entre 4,50 et 45 francs suisses alors que son enlèvement coûte entre 450 et 1500 francs! Pour 5000 mines enlevées, un démineur est tué et deux sont blessés. Et au rythme actuel, il faudrait plusieurs siècles pour débarrasser l’humanité de ce terrible fléau. Nous avons fait le point avec Tony Burgener délégué du CICR, responsable de la recherche de fonds pour les victimes des mines, au sujet de la conférence d’Oslo qui s’est achevée le 21 septembre.

J1J: Quel bilan faites-vous de la Conférence d’Oslo qui avait pour but d’inciter les gouvernements à interdire les mines antipersonnel? T. B.: Le bilan est très positif; une centaine d’états se sont engagés à ne plus produire, stocker et utiliser des mines. Seule ombre au tableau, le refus des gouvernements américains et russe d’adhérer au traité d’Oslo.

J1J: Oslo n’est-il pas un échec compte tenu de ce refus? Comment l’expliquer? T. B.: Le contenu du traité d’Oslo correspond exactement aux requêtes des organisations humanitaires, comme le CICR, qui travaillent en faveur des victimes de ce fléau; il est sans concession et bannit totalement les mines. Les USA ont demandé d’exclure du traité la frontière entre les deux Corées, totalement infestée de mines. Les participants à la conférence d’Oslo n’ont pas voulu admettre d’exception pour ne pas affaiblir l’impact du traité

J1J: Quel a été l’impact de la mort de Diana sur la campagne anti-mines et notamment sur les résultats de la conférence? T.B.: La mort de Lady Di a porté une nouvelle fois à la une des médias le problème de mines et ses effets terrifiants que Lady Di a très largement contribué à faire connaître au public du monde entier.

Daniel Corthésy et Michael Verburg
Collège Champittet, Vevey, Suisse
24 d'un Jour, No 1
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Posté le Mardi 23/09/1997 à 10:46:38
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