Mardi 23/09/1997 à 17:23:02

Dans L'ALSACE d'un jour / Sport et médecine : le couple infernal

Cet été, la lutteuse sélestadienne Doris Blind a été contrôlée positive lors d'un test antidopage. Finis le championnat d'Europe et les titres remportés jusque là. Passionné de sport et médecin de nombreux sportifs, Christian Hauger revient pour J1J sur cet épineux problème du dopage.
Cet été, la lutteuse sélestadienne Doris Blind a été contrôlée positive lors d'un test antidopage. Finis le championnat d'Europe et les titres remportés jusque là. Passionné de sport et médecin de nombreux sportifs, Christian Hauger revient pour J1J sur cet épineux problème du dopage.

Que pensez-vous de l'affaire Doris Blind ?

“Dans le cas de cette sportive, il s'agit d'un accident. Une pharmacienne stagiaire lui a fourni un médicament sans savoir qu'il contenait un principe actif interdit aux sportifs. Elle ignorait d'ailleurs même que Doris Blind pratiquait un sport de compétition.”

Pourrait-on se doper sans le savoir ?

“La liste des produits interdits aux sportifs est très longue. Parmi eux, la codéine et l'éphédrine par exemple entrent dans la composition de médicaments très courants comme les gouttes pour le nez ou les sirops pour la toux. Aujourd'hui, il est plus difficile de soigner un sportif qu'une femme enceinte.”

Qu'en est-il des "vrais" produits dopants ?

“Comme en principe tous les médecins, je n'en prescris pas. Les sportifs le savent. Ceux qui en consomment se les procurent sur le marché noir. Ces produits viennent des pays de l'Est, essentiellement. Il y a aussi les anabolisants, bien sûr, qui augmentent la masse musculaire. Ces produits sont en vente libre en Espagne ou en Belgique

alors qu'en France la législation est beaucoup plus stricte. Mais les anabolisants ne sont utilisés que par les culturistes. Or le culturisme n'est pas un sport en tant que tel, c'est de l'exhibition.”

Ces anabolisants sont-ils dangereux ?

“Ils n'entraînent pas de dépendance, contrairement à la toxicomanie ou à l'alcoolisme. En revanche, ils ont des effets secondaires comme l'hirsutisme, le cholestérol, la prostate, ou des problèmes hépatiques.”

Pour en revenir aux "vrais" sports, certains sont-ils plus touchés que d'autres par le dopage ?

“Les sports de puissance tels que l'haltérophilie, la natation ou le cyclisme. Dans chaque sport, on se dope différemment. Chez les cyclistes par exemple, la dernière trouvaille c'est l'érythropoïétine, qui permet de charger plus d'oxygène dans les globules rouges. C'est comme si un cycliste courrait avec deux bouteilles d'oxygène sur le dos.”

Ces produits sont-ils toujours détectables ?

“Non, les dopants ont toujours une longueur d'avance sur les tests qui permettent de les dépister. L'érythropoïétine n'est pas détectée dans les urines, utilisées pour tous les tests antidopage. Certains cyclistes ont ainsi demandé à ce q'on procède à des analyses sanguines pour attraper les tricheurs.”

Propos recueillis par Aurélie SCHMITTHEISSLER, Dilek KALMUK et Joël POSTIC.

A. SCHMITTHEISSLER, Dilek KALMUK, Joël POSTIC

Journal L'ALSACE
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Posté le Mardi 23/09/1997 à 17:23:02
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