EURO-REPORTAGES - DUBLIN

Tallaght : quand la survie
passe par la musique

Texte et photos : Jean-François Jacquet

Septembre 1996

 

La musique, point commun des exilés.

Essence véritable de tout le peuple irlandais, la musique, plus qu’une occupation, est pour beaucoup un moyen d’expression, de rencontre et donc de survie.

IL y a quelques années, Tallaght était un petit village de 500 habitants, dans la périphérie de Dublin. Les difficultés de la vie rurale et l’espoir de trouver du travail dans la capitale ont amené un grand nombre de personnes à s’y installer.
Aujourd’hui, on dénombre à Tallaght plus de 90.000 habitants. Très vite, le chômage a atteint un taux impressionnant de 80 % si bien que des familles entières déracinées, se retrouvent souvent dans un état de précarité extrême, sans amis, sans connaissances.
Face à cette situation, un autochtone, Léon Morris, a rassemblé ses forces et son courage pour rendre à ses concitoyens un peu d’humanité et d’espoir. Grâce à l’aide financière du gouvernement, il est parvenu à mettre sur pieds un centre où, tous les soirs, ceux qui le désirent peuvent venir jouer leur musique devant un public enthousiaste.

Une infrastructure de pointe

En effet, ce lieu baptisé « Tyman Bawn community center » met à la disposition de tous les musiciens, notamment une salle de répétition complètement équipée, un studio d’enregistrement à 8 pistes et une bibliothèque offrant un vaste choix de partitions et d’archives musicales, audio-visuelles.
De plus, divers services d’aide, de conseil et de réparation d’instruments y sont également proposés.
La jeunesse irlandaise s’y retrouve chaque jour de 11 à 22 h pour y écouter tous les styles de musique, du foklorique au rock dur, en passant par le jazz et le boogie.
Ici, pour la modique somme de 10 livres irlandaises de l’heure, certains caressent même le rêve de connaître un jour la célébrité, grâce aux infrastructures et/ou matériel d’enregistrement dont ils peuvent disposer.
C’est ainsi que, grâce à la musique, seul point commun de tous les exilés des campagnes, Tallaght retrouve un peu de son esprit d’antan, et ses habitants le sourire.