EURO-REPORTAGES - FLORENCE

Vers un nouvel âge d’or
du commerce florentin ?

Texte et photos : Christel Rasquinet - Athénée deDurbuy

Septembre 1996

 

Le tourisme n'est pas le seul axe d'essor économique de la Toscane.

Pendant que l’Europe se construit, lentement mais sûrement, on assiste, à l’intérieur des différents États, à un transfert des compétences du pouvoir central vers les régions. C’est aussi le cas en Italie. Le conseil régional toscan est particulièrement attentif à l’essor économique florentin et aux relations commerciales avec l’étranger.

POUR les Toscans aussi, la nécessité européenne s’accompagne de questions pressantes, de craintes et de doutes quant à la place qu’ils auront à occuper au sein de cette vaste entité d’autant que l’Italie est un pays jeune où les régions ont conservé leurs particularismes tant linguistiques que culturels et économiques.
Récemment installé, comme les autres conseils régionaux italiens, mais aussi français et belges, le conseil régional toscan cherche à nouer des rapports privilégiés avec des régions ou des pays aussi différents que l’Arménie, l’Ouzbekistan, la Slovénie, la Tunisie, l’Algérie mais aussi la Flandre.
Le fédéralisme « à la belge » plaît d’ailleurs au directeur des affaires communautaires à la région, M. Fabrizzio Pizzanelli même si, dit-il, « l’exemple belge n’est pas nécessairement le meilleur ». On ne peut pas copier les régionalismes, le modèle italien par exemple ne correspondant pas nécessairement au modèle espagnol.

Trait d’union
entre l’Europe et l’Afrique

Quoi qu’il en soit, il existe, en Europe en général et en Toscane en particulier, une volonté réelle de voir répartir les compétences jadis étatiques au niveau des régions.
Ainsi en est-il du conseil régional toscan : cinquante élus, sous l’égide d’un président (celui du conseil régional toscan est aussi le vice-président de l’ARE), représentent dix provinces, 287 municipalités dont la plus importante est Florence ; au total 3 535 000 habitants sur 21 200 km2 et un budget de 8 milliards de lires.
La Toscane entend par ailleurs profiter de sa position médiane au sein de la Méditerranée, trait d’union entre l’Europe et l’Afrique mais aussi entre l’Europe de l’Est et l’Europe de l’Ouest.
D’un point de vue historique, la Toscane a toujours joué un rôle politique important et Florence, au XIVe siècle, est déjà la ville la plus riche d’Occident. Elle commerce avec la France, la Germanie et l’Orient. Les banquiers sont les créanciers des rois de la chrétienté. Sa monnaie fait autorité sur les places européennes et sa langue s’impose partout en Italie.
En 1865, Florence, en raison de son prestige est d’abord choisie comme capitale du tout jeune royaume d’Italie. Mais peut-être trop préoccupée par la mise en avance de son patrimoine culturel et donc par le tourisme, Florence va connaître les déboires d’une ville alors trop peu industrialisée et en dépit de ses 400 000 habitants elle ne peut faire face à la concurrence de villes moins peuplées mais économique plus dynamiques.

Une économie
en plein essor

Aujourd’hui, Florence est fière de son récent développement économique et M. Pizzanelli d’ajouter qu’elle a la capacité de concurrencer les États-Unis dans les secteurs les plus avancés et dans les domaines de technologie très pointue. La Toscane est riche, elle aussi, et les industries y sont nombreuses.
L’industrie du marbre des Apuanes produit 50 000 tonnes par an, les industries chimiques, géothermales, les chantiers navals sont florissants, les constructions mécaniques à la pointe sont aujourd’hui largement tournées vers la Chine et l’Inde. L’industrie textile est l’une des plus importantes au monde. La floriculture est florissante. On connaît le célèbre iris florentina qui pare les collines toscanes de taches violettes et dont les bulbes servent dans l’industrie du parfum.
Il faut aussi citer les cultures d’oliviers et le vignoble toscan qui donne le célèbre Chianti dont certains « classico » font référence.
Les produits à vendre sont nombreux et de qualité et le conseil régional souhaite les faire connaître en Europe et surtout en Europe de l’Est où de nombreux marchés potentiels s’offrent à lui depuis la chute du mur de Berlin.
C’est sans doute pour favoriser le commerce que le conseil régional préconise la construction d’une nouvelle autoroute entre Florence et Bologne sur les Apennins au grand dam des protecteurs de la nature.