EURO-REPORTAGES - MADRID

En Espagne,
on reste jeune plus longtemps

Texte et photos : Emine SARITAS

Septembre 1996

 

Vivre chez ses parents, c'est bien. Le parc, c'est pas mal non plus

Les jeunes Espagnols aiment faire la fête, mais aussi mener des études universitaires. Et comme ils s’entendent bien avec leur parents, et bien ils restent à la maison jusqu’à l’âge de 30 ans.

CONTRAIREMENT à notre pays, où on attend notre majorité (18 ans) pour pouvoir quitter, enfin, la maison de nos parents, les jeunes espagnoles, eux, restent chez leurs parents jusqu’à l’âge de 30 ans. C’est une pensée tout à fait logique pour eux.
Lien de cause à effet ? Il y a eu une chute extraordinaire du baby-boom qui règnait en Espagne. Si les jeunes vivent plus longtemps chez leurs parents, ce n’est pas par fainéantise, mais bien pour l’affection dispensée par leurs parents. C’est ce qu’ils disent.

Tous à l’unif

Une autre conséquence est la diminution de la « responsabilisation » chez les jeunes qui conservent néanmoins une bonne part d’indépendance. Ce cocooning familial permet à cette génération de poursuivre, pour beaucoup, des études universitaires. La preuve, le nombre d’étudiants universitaires en Espagne atteint d’ailleurs le million et demi, soit le double de l’Allemagne. Depuis environ trois ans, il y a plus d’étudiantes que d’étudiants dans les universités. Rien que pour Madrid, il y a entre 10 et 11 universités, dont l’université centrale qui comprend 140 000 étudiants. Le diplôme est différent selon qu’on soit dans une « université libre » ou « publique ».
Ce niveau d’instruction n’empèche cependant pas le développement d’un taux de chômage fort élevé par rapport à l’Europe. Pourtant, officiellement, il n’y a que 14 % de chomeur inscrits. Mais, grâce à une enquête statistique réalisée sur le terrain, on peut constater qu’il y a 22 % de chomeurs. Une des raisons qui est avancée, est l’arrivée récentes des femmes sur le marché du travail.
En Espagne, la loi effraie aussi les employeurs, puisqu’une fois qu’on a un contrat en bonne et due forme, il est très difficile d’en être délogé. De plus, une personne licenciée peut toucher des indemnités pendant 1 200 jours (+/- 5 ans) et ça, à charge de l’employeur. A part cela une personne qui arrête ses études n’a pas droit au chômage.
Résultat : l’économie souterraine (travail en noir) est très développé.
La fête d’abord
Cela n’empèche pas les jeunes de faire la fête dans les rues de Madrid tous les week-end, jusque 8 h du matin. Une condition physique qu’ils ne peaufinent pas dans des clubs sportifs, seulement 33 % d’entre eux pratiquent un sport.
Les plus importantes valeurs chez les jeunes sont : la paix, suivie des droits de l’homme et de l’écologie. L’image que les adultes ont des jeunes, n’est pas idyllique. Pour certains c’est une génération de drogués et d’alcooliques qui ne pensent qu’aux sorties en discothèques...