Vendredi 20/09/1996 à 16:58:52

Toute la semaine, 600 gymnasiensfont leur propre journal de A à Z

"Journaliste d’un jour" ou quand de jeunes Vaudois s’emparent d’un quotidien... L’opération née en Belgique est mise sur pied, pour la première fois en Suisse, au départ de quatre gares du canton.
Vêtus d’un T-shirt noir à l’emblème de "Journaliste d’un jour", stylo et calepin à la main, ils ont arpenté, à Genève, les couloirs du Salon du livre et de la presse. C’était en mai dernier. Durant toute une semaine, une centaine de gymnasiens lausannois et nyonnais ont pu essuyer les plâtres d’une opération inhabituelle à cette échelle: faire paraître, à raison d’une page par jour insérée dans l’édition standard de 2 Heures, les sujets qui leur tenaient à cœur: la BD et l’érotisme, les rapports parfois conflictuels entre la TV et le livre, l’aspect commercial d’un salon de la littérature, etc. La semaine prochaine, rebelote. Dès lundi et jusqu’à samedi, ils seront près de 600 à jouer le rôle de journalistes en herbe. En poussant cette fois l’exercice encore un peu plus loin: des textes aux photos, de la mise en page à la distribution de "leur" journal (tiré à 30000 exemplaires), ces jeunes Vaudois de 16 à 19 ans vont accomplir tous les travaux qui conduisent à la production d’un quotidien. Chaque jour, cinq classes des différents gymnases vaudois partent tôt le matin à la recherche de leurs informations: enquête, interview ou portrait d’une personnalité locale ou régionale. Samedi 28, dernière édition de cette opération, le journal sera encarté à près de 100000 exemplaires dans l’édition standard de 2 Heures. Travailler au grand jour Pas moyen de les manquer: ils sont regroupés dans les gares de Lausanne, Vevey, Yverdon et Nyon. C’est la formule qui le veut ainsi: travailler au grand jour, au vu de tous.. Les cinq classes du jour rédigent chacune deux pages quotidiennes: une page locale et une page sur un thème donné: sport, culture, environnement, tourisme-loisir, etc. Ils ont carte blanche, dans leur rayon local et dans le temps imparti. Mais pas question de tricher en rédigeant à l’avance: tout doit être fait en l’espace d’un jour, comme le titre l’indique. C’est pour les gymnasiens l’occasion de jeter un œil tout neuf dans les coulisses de l’édition, de se frotter au stress du journaliste dans la peau de l’intervieweur ou de l’enquêteur occasionnel. Pas de sujet imposé: on ne fait bien que ce que l’on aime. Et pas de rôles forcés: les gymnasiens ont eu le choix entre le travail de journaliste-photographe, d’envoyé spécial, de secrétaire de rédaction, de correcteur, voire de distributeur au rayon marketing-promotion avec participation active à l’élaboration d’un sondage d’opinion chez MIS-Trend. Une palette d’activités permettant de suivre ainsi toutes les opérations jusqu’à la sortie des rotatives du CIEL à Bussigny. A l’échelle européenne Participent à l’opération les cinq gymnases lausannois (Cité, Bugnon, Chamblandes, CESS Beaulieu et CESSRIVE), le CESSEV à Vevey, le CESSMorges, le CESSOUEST à Nyon et le CESSNOV à Yverdon. Au total, quelque 600 élèves de 2e et 3 année, toutes branches confondues, ainsi que de jeunes apprentis de l’ERAG, l’Ecole romande des arts graphiques, à Lausanne. Partie il y a sept ans du groupe belge Vers l’Avenir, basé à Namur, l’action touche, outre 2 Heures en Suisse romande, les journaux L’Alsace et La Voix du Nord en France, le Limburg Dagblad en Hollande, le Kent Messenger en Grande-Bretagne, le quotidien finlandais Helsingin Sanomat et une série de journaux belges, dont La Libre Belgique et La Dernière Heure-Les Sports pour la région bruxelloise, La Gazette de Liège pour la Wallonie et le quotidien De Gentenaar pour la région de Brugges. Sur le plan européen, 19 quotidiens et 4 radios et télévisions leaders dans leurs régions unissent leurs efforts, soit plus de 6000 jeunes, regroupés dans 41 gares et participant à l’élaboration de journaux imprimés à plus d’un million d’exemplaires quotidiens! L’opération bénéficie du soutien financier de la Communauté européenne, ce qui ne manque pas de sel pour les "petits Suisses" post-6 décembre. Parallèlement à la "presse écrite" et avec l’aide de la Radio Suisse Romande-La Première, les gymnasiens lausannois auront aussi l’occasion de se frotter au domaine radiophonique: chaque jour, trois reporters en herbe réalisent un sujet, qui sera diffusé le soir même à 17 h dans le cadre de l’émission "Les enfants du troisième". Fête finale à Namur A la fin de la semaine, lors d’une grande fête finale organisée à Namur, des plumes d’or et des micros d’or seront distribués aux meilleurs travaux par un jury formé de professionnels blanchis sous le harnais. Les 6000 jeunes lycéens et gymnasiens de six pays européens sont attendus en Belgique, acheminés par trains spéciaux. Un "sucre" attendu avec impatience par tous les journalistes en herbe, mais aussi avec une certaine anxiété par les organisateurs... "Pourquoi faites-vous cela?", a posé, l’air de ne pas y toucher, une jeune et pas si naïve gymnasienne aux organisateurs de l’opération "Journaliste d’un jour". La question sous-jacente étant sur toutes les lèvres: voulez-vous nous récupérer et faire de nous des hommes et des femmes-sandwich "roulant" pour votre journal? Nous ne mangeons pas de ce pain-là, a été la réponse: il s’agit certes de penser aux lecteurs de demain, mais aussi aux métiers de la presse, souvent peu connus dans leurs détails et leur diversité. Les journalistes de demain sont peut-être parmi ceux de 24 d’un jour . Mais surtout et avant tout. il s’agit de leur donner, l’espace d’une journée, l’occasion unique d’approcher leur domaine de prédilection ou la personne de leurs rêves, bref de se frotter aux mille et une difficultés et satisfactions du monde de la presse. Ce défi-là méritait bien un journal


Olivier Grivat

24 Heures
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Posté le Vendredi 20/09/1996 à 16:58:52
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