Vendredi 27/09/1996 à 18:10:05

Envirronement : Alerte, atrazine!


Notre vie, notre survie dépendent de la qualité de l'eau. Or le précieux liquide subit de dangereuses altérations du fait de l'usage intensif d'engrais, pesticides et autres fongicides. Au premier rang desquels, un redoutable herbicide: l'atrazine...

La principale cause de pollution des sols s'appelle: entreprises chimiques et agricoles. Or, des sols à l'eau que l'on boit, il n'y a qu'un pas. Avant 1950, les engrais étaient naturels. Puis, pour augmenter les rendements, les agriculteurs ont eu recours aux aides chimiques, qui se sont rapidement avérées polluantes et toxiques, d'autant plus que leur concentration allait en augmentant. En 1983, un premier bilan au niveau alsacien sur la qualité de l'eau de la nappe phréatique faisait état d'une situation préocuppante. Dix ans plus tard, celle-ci s'était aggravée, plus de 50 communes alsaciennes distribuant une eau polluée, notamment par les nitrates et l'atrazine. Ce dernier produit est un herbicide très utilisé dans la culture du maïs, principale production agricole de la région. De grands fabriquants d'atrazine sont également implantés en Alsace, comme Ciba-Geigy ou Rhône-Poulenc. Des substances similaires contaminent les fleurs élevées sous serre, ainsi que les salades assaisonnées aux fongicides. D'autre part, l'atrazine contribue sournoisement au déclin des forêts, persistant longtemps dans le sol et l'eau.

PRODUIT "CANCEROGENE"

Des expériences ont prouvé que cette substance nocive peut provoquer des réactions allergiques. L'atrazine est aussi "cancérogène" chez la souris et le rat. L'agence internationale pour la recherche sur le cancer n'a d'ailleurs pas hésité à tirer la sonnette d'alarme, soulignant que l'herbicide "peut être cancérogène chez l'homme". Chez nos voisins allemands, autrichiens ou hollandais, l'atrazine est interdite depuis cinq ans. En France, plusieurs associations de consommateurs s'efforcent depuis quelques années de protéger la population, en ce qui concerne l'usage abusif de ce produit en particulier, et d'autres en général. Mais la lenteur administrative est un obstacle pour l'éradication rapide du danger. Certaines mesures ont déjà été prises, comme l'indique par exemple Jean-Pierre Thoma, président du SIAEP (syndicat intercommunal d'alimentation en eau potable), dans la région de Buschwiller,Wentzwiller et Folgensbourg. Il

s'agit notamment d'opérations de drainage autour de la station de pompage, de nettoyage des bordures du ruisseau et de renforcement des berges, afin d'imperméabiliser les abords de la station de pompage en cas de grandes crues. Autre frein à la limitation de la pollution: l'estimation des normes. Le plafond est de 100ng/l (nanogrammes par litre) pour l'Europe, alors que l'OMS (organisation mondiale de la santé), elle, fluctue dans ses évaluations entre 200 et 2000 ng/l... La France n'a pas encore choisi. Il faut dire qu'il est difficile de trancher. Les agriculteurs, subventionnés par l'Etat et l'Europe, penchent pour la norme de l'OMS, pour éviter de voir leurs produits retirés de la vente.

DEFENSE DE BOIRE

Mais en attendant une décision, la DIC (Défense et Information du Consommateur) a d'ores et déjà recommandé aux habitants de la région de Buschwiller de ne pas consommer l'eau polluée par l'atrazine, sachant que l'herbicide ne disparait pas, même en faisant bouillir l'eau. Suite aux mesures effectuées en août dernier à la station de pompage du SIAEP, indiquant un taux d'atrazine de 220ng/l (et 16mg/l de nitrates), l'interdiction de consommation a d'ailleurs été officiellement décrétée par mesure de sécurité. Le maire de Folgensbourg, René Stempflin, précise que l'eau de Buschwiller, Wentzwiller et sa commune a été la première à révéler des traces d'atrazine. Elle prend sa source dans un lac souterrain du Jura, où le sol est argileux. Il ne s'agit donc pas d'une pollution locale. Pour remédier à la celle-ci, le SIAEP avance donc deux solutions: l'arrêt de la distribution ou la prévention et l'alerte des consommateurs. Les laboratoires poursuivent leurs recherches sur l'atrazine depuis 1990. Mais, ils ont obtenu les moyens techniques il y seulement deux an. Les derniers relevés font état d'un taux d'atrazine stable. Mais s'il venait à augmenter, le maire n'aurait plus qu'à faire fermer la station. Une solution extrême, quand on sait que les fabriquants développent actuellement de nouveaux produits moins polluants et moins chers... Avis aux agriculteurs!

Fanny SCHWEITZER et Katia RUNSER

L'ALSACE D'UN JOUR
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Posté le Vendredi 27/09/1996 à 18:10:05
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