Jeudi 26/09/1996 à 17:37:16

Transports : un Eurostar qui brille aussi sur le Kent ?


Eurotunnel, Eurostar,... des noms qui incarnent à eux seuls une certaine idée de l'avenir européen : celle de l'avance technologique, d'un rapprochement entre citoyens de la Communauté, d'une accélération des échanges économiques et par là-même d'une revitalisation des économies locales. Cependant, le progrès présente inévitablement son lot d'inconvénients. Dans la situation qui nous concerne, on retrouve les deux principaux problèmes généralement adjacents aux technologies nouvelles : la perte d'emplois dans les secteurs dépassés (à savoir ici le transport maritime) et la problématique de l'environnement. C'est sur ce point que nous allons nous pencher, en particulier dans le Kent, région anglaise où débouche le tunnel sous la Manche, traversée de part en part par le tracé Eurostar Folkestone-Londres.

Paysage défiguré

Il va de soi que l'appréciation d'un problème écologique nécessite la connaissance des deux points de vue opposés, celui des écologistes et celui des industriels. C'est pourquoi nous avons contacté le société Eurotunnel et " Kent Trust Association for Nature Conservation ", une organisation écologique régionale. A ce propos, il nous a semblé nécessaire de signaler que si le dossier établi par le Kent Trust comporte une trentaine de pages et fournit des informations précises, agrémentées d'une profusion de chiffres et de tableaux, Eurotunnel se contente pour sa défense de deux pages offrant des arguments relativement vagues. Lorsqu'on aborde les problèmes écologiques proprement dits, le plus évident est l'impact visuel sur le paysage. Il est indéniable que la région Folkestone a

été fortement défigurée par la construction du dantesque terminal ferroviaire et du réseau routier qui le met en communication avec le reste de la région.

Cependant, d'autres faits, pourtant moins frappants, peuvent avoir d'autres conséquences sur l'équilibre naturel. Ainsi, la traversée des forêts par le tracé ferroviaire pose un problème écologique certain. Si seulement trente ha sont déboisés, 717 ha de forêt semi-sauvage sont affectés par le passage de l'Eurostar. Car ici, le principal problème n'est pas celui de la déforestation, mais plutôt de la fragmentation des espaces boisés. Ceux-ci s'organisent chacun à la manière d'une cellule indépendante comportant un " noyau " dans lequel se concentrent les espèces rares afin d'éviter l'activité humaine. Si un bois est coupé en son milieu par une voie de communication, il va se réorganiser en deux entités incluant chacune un noyau plus petit et pouvant accueillir un nombre moindre d'individus. Si la forêt est traversée à sa périphérie, la " zone-refuge " va se rétrécir puisque la distance " noyau-périphérie " diminue. Dans le cas présent, trois espaces boisés sont traversés en leur partie centrale et huit sont touchés en leur périphérie. Plusieurs solutions ont été avancées pour atténuer les dommages : reboisement de terres agricoles, tunnels pour animaux, réintroduction d'espèces et relocalisation (résultats très aléatoires). Les marécages qui constituent l'autre grand biotope de la région sont aussi affectés, et cela sur une surface de 100 hectares. Une situation qui reflète l'éternel conflit entre problèmes d'environnement et progrès technologiques.


Thomas PIERRET, Magali DOCK
Saint-Louis Waremme

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Posté le Jeudi 26/09/1996 à 17:37:16
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