Lundi 23/09/1996 à 18:29:18

Expérience

Jean-Alexandre Verdonck : " On revient d'ex-Yougoslavie changé et moins superficiel "

En prélude au colloque qui aura lieu en novembre à la maison de la culture de Tournai, le CHER (Clinique Hôpital Enfant réfugié) proposait à un jeune de l'accompagner en ex-Yougoslavie pour poser un autre regard sur l'aide humanitaire. Jean-Alexandre Verdonck, 17 ans, en rhéto chez les Ursulines à Tournai, a bondi sur l'occasion. Du 18 juillet au 16 août, il a travaillé avec six dentistes, un médecin et quatre interprètes à Gradac.

L'Avenir Wallon. Qu'as-tu fait sur place ? Quelle aide as-tu apportée ?

J-A. Tout d'abord j'ai écouté, regardé, conversé avec les personnes qui le désiraient et assisté aux consultations du Dr. Dubuisson, de Pipaix. Ensuite j'ai trié, rangé, distribué les médicaments directement aux réfugiés mais aussi à quelques dispensaires. Les pharmacies sont approvisionnées par des médicaments récoltés en France. Il faut donc les trier et vérifier leur validité. Le travail est astreignant vu la quantité de médicaments, suffisante jusqu'à l'an 2000. Le but du CHER, qui se veut petit, est de se limiter à un nombre de réfugiés pour mieux les encadrer. ceux-ci ont chacun leur dossier médical qui permet aux médecins de suivre leur évolution.

A.W. As-tu observé des dysfonctionnements au niveau de l'organisation de l'action humanitaire ?

J-A. En ce qui concerne CHER, tout semblait bien préparé pour cette mission. Cependant certaines failles subsistent : l'arrivée des occidentaux pour assister les pays en guerre l'arrêt des convois à la douane et la confiscation de matériel. Heureusement, le gros matériel (fauteuils dentaires) a été récupéré et les problèmes se sont dissipés quand

l'organisation a été rconnue par la Croatie. J'ai pu remarquer que la distribution des médicaments est un des problèmes majeurs des grosses associations. En effet, celles-ci ne semblent pas tenir compte des besoins et du matériel nécessaire (seringues, cathéters, baxters...). J'ai constaté aussi que des médicaments européens ont été jetés parce que les hôpitaux n'en avaient pas besoin ou ne savaient pas s'en servir.

A.W. Dans quelles conditions la population vit-elle là-bas ?

J-A. A mon arrivée à Gradac, j'ai été surpris. En effet, je m'attendais à un camp de tentes situé dans une plaine. En réalité, les réfugiés sont logés dans des hôtels ouvriers qui appartiennent à l'Etat. Les bàtiments sont assez propres et les réfugiés, essentiellement des personnes âgées, vivent dans une seule petite pièce. La Côte est vraiment superbe, et il est impossible de distinguer le réfugié du touriste... Les gens là-bas sont fort sympathiques et très accueillants. Tout semble normal.

A.W. Dans quel " état " es-tu revenu ?

J-A. Quand on revient, on est changé et moins superficiel. Tout se passe à l'intérieur. C'était très fatigant. On se levait à 7 heures et on se couchait à 23 heures. Ces journées étaient bien complètes et passaient très vite. A mon retour en Belgique, il m'a fallu deux semaines pour récupérer...

A.W. Aimerais-tu y retourner ?

J-A. Certainement. J'ai lié des contacts avec des personnes là-bas et j'aimerais participer à une distribution plus personnalisée de médaicaments, de façon à poursuivre notre travail. Pour profiter au maximum de cette expérience, il faut surtout être motivé.


Laetitia VANDENABEELE, Livine ROSSEEL


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Posté le Lundi 23/09/1996 à 18:29:18
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