Lundi 23/09/1996 à 18:34:11

Témoignage : le docteur Dubuisson réclame du concret


Depuis 93, le docteur Xavier Dubuisson, de Pipaix, se rend régulièrement en ex-Yougoslavie pour aider les victimes de la guerre. Il porte un regard parfois critique sur l'aide humanitaire. " En août 93, je suis parti en tant qu'observateur avec MSF France afin de voir comment travaille une telle organisation, explique le docteur Dubuisson. " L'impression laissée était celle d'un cruel manque de coordination. Tout le monde tergiverse, personne n'achève sa mission. Des organismes se proposent de soigner un million de personnes mais ne sont capables de s'occuper que d'une centaine de milliers au plus. On lance de grands projets mais on ne peut les concrétiser. "

A Noël 93, Xavier Dubuisson a fait le voyage avec l'organisation du Sacré-COEur. Il s'agit d'une petite association très ambitieuse mais dénuée de moyens : " J'ai vécu des moments pénibles : nous étions incapables de venir en aide à des milliers de réfugiés venant de Sarajevo. Durant ce séjour, j'ai rencontré le petit Mario et l'ai ensuite rapatrié en Belgique en vue de lui faire subir une opération. J'ai alors pris la décision de m'arrêter sur un cas particulier et de m'en occuper totalement. J'ai alors vraiment eu l'impression de " faire de l'humanitaire ".

Par la suite, le médecin s'est rendu tous les quatre

mois en ex-Yougoslavie, durant ses vacances. Il a également participé à la création de l'association CHER (Clinique Hôpital Enfant Réfugié). " Son sigle représente aussi une marque d'affection. J'ai aussi concentré mon action sur le village de Gradac entre Split et Dubrovnic. Dans le genre de situation dans laquelle se trouve l'ex-Yougoslavie, il est nécessaire de bien marquer la frontière entre bon travail et spectacle. Certaines grandes associations n'agissent que là où sont basés des médias, autour d'un spectacle de guerre. "

" Selon moi, poursuit le docteur Dubuisson, MSF devrait être une sorte de SAMU international. Son but serait de répondre immédiatement aux appels d'urgence et de laisser les interventions suivantes dans les mains d'autres associations. Un fait me choque profondément : l'humanitaire est peu à peu devenu une institution. Ce changement enlève de la spontanéité au geste. "

Le Pipaisien ne veut pas non plus que l'on oublie que la souffrance existe également chez nous. C'est pourquoi, en collaboration avec l'Université de Lille, le CHER fera sillonner un bus à travers le Nord de la France et le Hainaut, dans le but d'aider les démunis. Si nous savons aider les étrangers, nous devons également aider nos concitoyens , ne rejeter personne ! "


Propos recueillis par Denis SOUDANT


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Posté le Lundi 23/09/1996 à 18:34:11
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