Lundi 23/09/1996 à 18:25:45

L’homme, les gènes et l’éthique

A l’aube du 21ème siècle , la morale cherche à rattraper la Science. Y arrivera - t - elle ? La question reste ouverte. Un professeur lausannois fait le point.
A quelques mois des votations sur les manipulations génétiques, l’initiative populaire soulève beaucoup de débats en raison des problèmes éthiques que celle-ci pose. A ce sujet , nous avons interrogé le professeur, Christophe Reymond de l’Institut d’ Histologie et d’ Embryologie de Lausanne. Les termes manipulations génétiques englobent un vaste domaine de recherches en biologie. Ce sont des techniques qui consistent à analyser le patrimoine héréditaire, c’est-à-dire les gènes, en découpant de l’ADN, puis en l’introduisant dans une bactérie. Le gène en question se retrouve combiné avec ceux de la bactérie, et modifie ainsi sa carte génétique. Les utilisations de ce procédé sont multiples: en agriculture, les chercheurs ont réussi à produire des légumes, par exemple les tomates et le blé, résistant mieux aux insecticides et totalement inoffensifs pour les humains. Dans le domaine médical, on est maintenant capable de fabriquer synthétiquement de l’insuline humaine. Actuellement, plusieurs laboratoires travaillent en collaboration, pour trouver un vaccin contre la malaria. La difficulté réside à déceler le parasite, porteur de la maladie en question, et à le cultiver pour ensuite introduire les gènes de celui-ci dans un champignon. Le grand projet du futur est de réussir à cartographier les 100 000 gènes de l’être humain. La complexité est telle, que seulement la moitié de la séquence totale a pu être établie, toutefois la compréhension demeure encore très floue. Pendant la grossesse, il est possible de déceler chez le foetus des maladies pathologiques graves, comme la mucovicidose, le cancer, et la trisomie 21.Sachant que l’espérance de vie de son enfant sera peut-être réduite, quelle attitude les futurs parents doivent-ils adopter ? Les pays techniquement à la pointe des ces recherches poussent toujours plus loin leurs connaissances, mais où est la limite à ne pas franchir ? L’initiative tend à éviter tout abus, mais elle ne laisse pas la porte ouverte à la réflexion. Un vote positif bloquerait le domaine scientifique de la Suisse, obligeant les laboratoires à s’exporter à l’étranger, plus particulièrement aux Etats-Unis. Economiquement parlant, cela représenterait une perte financière, équivalente à plusieurs milliards de francs... D’autre part, il existe une loi interdisant " toute manipulation génétique sur des embryons humains tendant à modifier ses caractères héréditaires".De plus, l’Académie des Sciences et les comités d’éthique exercent un contrôle rigoureux sur toutes les expériences menées sur les animaux. L’ être idéal : utopie ou réalité ? Il est extrêmement difficile d’introduire un gène à l’endroit voulu et de le faire fonctionner parfaitement, ce qui réduit considérablement les risques de débordements nuisibles à l’homme. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Nazis ont essayé de créer une race unique, la race arienne. Mais il est techniquement impossible de croiser des caractères génétiques pour obtenir un être parfait, ce qui entraînera toujours une grande diversité. Mais la réalité ne rejoint-elle pas la science-fiction ? Arriverons-nous et oserons-nous un jour à cloner un embryon humain ? La Science porte-elle un jugement sur ce qu’elle a expérimenté ? Coralie Mingard et Kheïra Mohammedi é
Coralie Mingard et Kheïra Mohammedi
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Posté le Lundi 23/09/1996 à 18:25:45
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