Mardi 24/09/1996 à 10:33:10

Tout le monde s’arrête au Sens Unik

Rencontre avec Carlos, leader du groupe et amateur de cénovis...
9h30 du matin, Lausanne, sous la pluie... Parmi les gens pressés ou qui n’ont simplement aucune envie d’être interrogés, on trouve quand même quelques personnes qui coopèrent : "Excusez-nous, M’sieur, pourriez-vous nous citer un groupe de musique suisse ? Euh... l’orchestre de la Suisse ro-mande." Evidemment, ce n’est pas la réponse de tout le monde, sur-tout chez les jeunes. Pour eux LE groupe suisse en vogue, c’est Sens Unik, il aurait même tendance à éclipser Stéphane Eicher. Mais qui sont donc ces Lausannois ? et comment peut-on concilier succès international et groupe helvéti-que ? 10h03, le Bleu Lézard, assises devant un café chaud... Un zombie entre, s’essuie les pieds et se pose en face de nous. Il commence par commander un chocolat froid "avec beaucoup de cacao" et deux tartines au cénovis. Après avoir avalé quelques gorgées, l’interview peut commencer. C’est Carlos, le leader du groupe. Pour arriver à ce stade de notoriété (sur vingt personnes interrogées, trois seulement avouent n’avoir jamais entendu parler d’eux), il a fallu pas mal se bouger. C’est avec le soutien moral de leur entourage, et une légère aide financière de Maniak, entre autre, qu’il ont pu concrétiser leur rêve. Et bien sur, en faire les premières parties de quelques concerts (comme Public Ennemy), les a aussi aidé. De plus, Suisse n’a jamais vrai-ment rimé avec rap, malgré cela Carlos insiste sur l’importance de développer sa propre culture rap, en fonction de ses convictions. Il ajoute aussi que, se faire une place et la garder, même en France, n’est vraiment pas facile. Même si les contacts avec les au-tres groupes hip hop ne manquent pas. Après avoir fini sa banane et toujours avec le sourire, il nous parle du rap américain. Lui-même en écoute près de huit heures par jour et rencontre sans cesse des nouveautés. D’après lui, le public, en général, ne connaît qu’une infime partie de tout cet univers où tous les jours des nouveaux groupes se créent pour exprimer leurs opinions et parler de leur vie. En ce sens (pas unik, il est 12h10, l’heure du gag), le groupe lausannois ne peut pas parler de jeunesse difficile dans un ghetto. Carlos puise pourtant son inspira-tion dans des scènes de la vie de tous les jours. Par exemple, la chanson Paquito (du dernier al-bum Tribulations) raconte l’histoire d’un garçon qu’il a ren-contré à New-York, en faisant du free-style (improvisation). Quel-quefois un seul mot ou une phrase leur permet d’écrire toute une chanson. Preuve en est A gauche, à droite. En tout cas, ce groupe talen-tueux ne cesse de progresser. Ain-si ils ont pu se faire leur place non seulement en Suisse, mais aussi à l’étranger. Ce qui ne les empêche pas de rester eux-mêmes et de mener une vie presque comme tout le monde: dormir jusqu’à 10 heures, se promener dans la rue et même se faire amender par les flics...

Connaissez-vous Sens Unik ? Le groupe est actuellement composé de Carlos, le principal rappeur et compositeur, Just One qui s’occupe du mixage des chan-sons, Rade, un rappeur surnommé "Human Beat Box", Laurent B, le batteur, et Deborah, connue aussi sous le nom de sister D, la cho-riste. Côté CD, Sens Unik à jusqu’à présent enregistré quatre albums : Le sixième sens (1991), Les portes du temps (1992), Chromatic (1994) et enfin Tribulations (1996). Ils ont fondé leur propre label : Unik Records, dirigé par Patrick David.

Diane Jaccard et Muriel Nicollerat
Gymnase de Chamblandes
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Posté le Mardi 24/09/1996 à 10:33:10
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