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"C’est un véritable phénomène de société, affirme-t-on en librairie. Les gens ont besoin de trouver aujourd’hui une clé d’interprétation de l’existence. Il s’agit souvent de gens à hautes responsabilités qui recherchent ce gavage mystique: puisqu’ils ne savent pas où va la société, ils espèrent trouver dans ces ouvrages une voie individuelle qui soit tracée d’avance."
Il y a deux raisons principales à ce phénomène: d’une part, les repères conventionnels se sont effondrés: la Famille, le Parti, l’Eglise, il n’y a plus d’autorités incontestées. Depuis la chute du Mur de Berlin, les piliers sur lesquels s’appuyer n’existent plus. D’autre part, la génération des 40-50 ans qui détient le pouvoir d’achat arrive à une période de l’existence où l’on se pose traditionnellement des questions, où l’on cherche à faire un premier "bilan" de sa vie.
On remarque qu’il s’agit d’une véritable aspiration, car les gens éprouvent un véritable besoin de se faire materner. Qu’importe le contenu! Ils achètent souvent sans même le feuilleter tout ouvrage qui prétend traiter du cheminement personnel, de la recherche de soi. N’empêche! Des ouvrages sur l’avenir au travers des astres acquièrent une inquiétante légitimité lorsqu’ils côtoient les écrits de grands théologiens ou de sociologues renommés. Le danger est immense : "Des fournées de livres de ce type arrivent en effet sur le marché, ajoute notre libraire,
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notamment du Canada et des USA, où aucune norme légale ne permet de surveiller les publications. Et certains profitent de ce prétexte mystico-ésotérique pour disséminer des idéologies pour le moins douteuses. Ainsi, dernièrement, sous couvert de protéger une tribu indienne en voie d’extinction, un auteur voulait-il favoriser leur extermination pure et simple." Ce n’est qu’après lecture que la machination a pu être découverte.
De plus, les gens ne cherchent souvent qu’une justification à leurs fantasmes: ceux qui tombent dans ce créneau, qui se nourrissent de livres prônant l’épanouissement, l’ouverture à l’autre, se réfugient souvent dans l’individualisme et le dogmatisme.
Pourquoi ne pas dès lors vouer à l’Index toutes ces publications?
"Mais tout n’est pas mauvais! Certains ouvrages sont véritablement porteurs de sens! Ils incluent dans leurs perspectives une vision très critique, leur réflexion reste empreinte de rationalisme. Mais nous, libraires, ne pouvons pas faire le tri, devant l’ampleur des envois. Ce qui reste assez angoissant, car l’on ne sait jamais après une vente si l’on a contribué à développer l’obscurantisme ambiant."
Il appartient dès lors au lecteur de faire preuve d’esprit critique, de se responsabiliser. Il nous faut apprendre que le sens, le bonheur ne se reçoivent pas au travers des dogmes d’un auteur, mais qu’ils sont, inconditionnellement, un combat.
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La quête du sens : voilà un impératif qui voit aujourd’hui les étalages de librairie ployer sous les ouvrages. Des "22 anges guérisseurs" à "Connaître ses réincarnations grâce au pendule", l’époque, ivre d’ésotérisme, baigne toutefois dans l’irrationnel.