Mardi 24/09/1996 à 16:32:33

Sous les doigts d’un artiste...

A Onnens, Gerry Embelton fait revivre l’histoire, en confectionnant des mannequins pour les musées les plus prestigieux, de Londres à Berlin.
Gerry Embelton, un autodi-dacte anglais, est établi dans le nord vaudois depuis six ans. Après une scolarité élémentaire, dont il remet en cause l’utilité, ce pas-sionné d’histoire médiévale s’est lancé dans l’illustration, sans au-tre formation que les préceptes de son frère aîné, estimant que les Beaux-Arts n’apportent qu’un enseignement théorique. Livres pour enfants, publicités, maquet-tes, costumes, etc., il reconnaît aujourd’hui que sa polyvalence lui est bien utile dans cette pé-riode de crise, les commandes de mannequins se faisant rares, sur-tout en raison de leur coût, plutôt élevé. Tous les musées ne peuvent en effet s’offrir un tel luxe. On peut néanmoins admirer ses créa-tions dans un grand nombre de musées suisses : Le château de Grandson, le musée du pain à Echallens, pour n’en citer que deux. Mais si cet artiste s’implique complètement dans son activité, c’est d’abord par passion : "Pour moi, le passé est un miroir pour le présent ; ce n’est pas la chronolo-gie qui importe, mais les émo-tions, car les acteurs de l’histoire sont avant tout des êtres humains, avec leurs peurs et leurs joies." Et c’est ce qu’il cherche à exprimer par ses moulages, d’un réalisme saisissant. Gerry insiste en effet sur la précision, l’exactitude du détail, et se révolte en voyant cer-taines "tentatives" de reproduc-tions historiques, comportant quantité d’erreurs et d’anachronismes. Pourquoi l’homme a-t-il tou-jours tenter de reproduire ses semblables ? Est-ce un désir de se substituer au Dieu créateur ? Une forme de narcissisme ? Une envie de triompher de la mort ? En ré-ponse à cette question, Gerry Em-belton se contente de sourire énigmatiquement, en nous grati-fiant d’un :"C’est une bonne ques-tion..." Nous avons rencontré un homme passionnant, fasciné par le Moyen Age, s’investissant com-plètement dans ce qui pour beau-coup reste un rêve. Alors, l’histoire, un amas de vieux livres poussiéreux ? Les yeux étince-lants de cet artiste nous prouvent peut-être le contraire... Une technique, un art Mouler un visage, mouler un pied, la difficulté est surmontable, mais quand il s’agit d’un corps entier, toute la maîtrise et l’expérience de Gerry Embelton est requise. Pour des pièces aux contours relativement simple, il utilise une sorte d’amalgame, comparable à celui employé par les dentistes : il est particulière-ment adapté à cet emploi, puisque non toxique, mais avec L’inconvénient qu’il sèche très vite. Une fois cette première cou-che appliquée, on le recouvre de plâtre, pour assurer sa solidité, l’amalgame étant très souple. Les difficultés se présentent lors du démoulage, mais là encore, des années d’expériences lui ont permis de surmonter ce genre de problème. Ce métier n’est donc pas à la portée du premier venu, et il faut bien comprendre que derrière ses visages expressifs, se cachent des heures d’un travail acharné !
Claire-Anne Hurni et Amélie Burri
CESSNOV/Vaud, Suisse
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Posté le Mardi 24/09/1996 à 16:32:33
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