Vendredi 27/09/1996 à 18:19:44

"La pédophilie ne doit plus être un tabou"

Entretien avec Jean-Denis Lejeune, le père de Julie, une des petites victimes de Marc Dutroux.
En juin 1995, Julie Lejeune, et Mélissa Rousseau, deux amis disparaissent sur un petit chemin de la campagne liégeoise. Ce n’est que quatorze mois plus tard que les gendarmes de Sars-La-Buissière découvraient l’horreur dans le terrain d’une des maisons de Marc Dutroux, un pédophile notoire, en retrouvant les corps de deux fillettes, mortes de faim. Personnalité bien connue des services de police belge, Dutroux allait faire frissoner la Belgique, en faisant découvrir la cache aménagée dans le sous-sol de sa maison, et le réseau de pédophilie international qu’il approvisionnait en enfants de tous âges. Au delà du drame qui faisait s’unir les communautés wallones et flamandes, l’affaire Dutroux allait laisser éclater un scandale sans précédent en Belgique. L’affaire allait finir par prendre une tournure politique, et laissait présager de graves négligences dans l’instructions de l’affaire. Certaines personnalités du monde politique et judiciaire belge furent même soupçonnée d’avoir tenté de freiner volontairement l’instruction du dossier, aisi que les recherches des deux fillettes. Forte émotion Aujourd’hui, la Belgique recherche toujours ses coupables et l’émotion est encore très forte parmi la population. Après un ensevelissement commun des deux fillettes relayé par de nombreux médias internationaux, et qui ont suscité un deuil national, Jean-Denis Lejeune, le père de Julie n’en finit pas depuis plusieurs semaines, de recevoir des journalistes, et ceci, explique-t’il : "afin que l’on oublie jamais ce qui est arrivé à Julie et Mélissa". Car après une agitation médiatique jamais vue en Belgique, la pression commence maintenant à tomber, et fait craindre que l’affaire ne s’efface petit à petit de l’esprit des belges. "On ne peut pas attendre une nouvelle victime pour qu’enfin on se décide à agir", dit M. Lejeune, "et c’est pourquoi je suis à rajouter des bûches dans le foyer, afin que les choses changent et que les politiques investissent d’avantage. Vide juridique Et M. Lejeune de s’étonner face aux vides juridiques laissés par des lois belges datant de plus de cent trente ans. Ces graves lacunes juridiques sur la pédophilie ne sont d’ailleurs pas l’apanage du système judiciaire belge, puisqu’en 1996 la plupart des pays occidentaux sont dépourvus de lois sur la question des délinquants sexuels. "Le problème" dira-t-il encore, " est qu’au jour d’aujourd’hui, la justice et la police belge n’a pas les moyens légaux et logistiques pour intervenir face à de tels drame . Selon M. Lejeune, les différentes polices nationales doivent faire front commun aux pédophiles, en créant des fichiers répertoriant les délinquants sexuels, et en échangeant le savoir-faire de chaque pays dans la lutte contre la pédophilie. Soutenu par le ministre de la justice belge, Stefaan de Clerck, Jean-Denis Lejeune poursuit aujourd’hui une véritable croisade contre la pédophilie. Ses propos relayés dans le monde entier, lui ont permis d’accéder à différentes conférences traitant de violences sexuelles. Il peut donc maintenant s’attaquer au problème à plus large échelle et espère qu’en faisant part du drame qu’il vit : "que les choses bougeront et que les politiques sauront se montrer, responsables en votant les lois nécessaires pour que le travail de la justice puisse se faire dans les meilleures conditions possibles". Le père de Julie s’élèvera encore à propos du soutien du gouvernement belge :" les politiques nous ont soutenus moralement, mais financièrement, il nous a fallu près de deux millions de francs belges ( n.d.l.r environ 80’000 francs suisses ) pour la recherche des fillettes ; et pas un sou n’est venu de l’état. Soutenu aujourd’hui par une nation tout entière et par une partie des politiques, M. Lejeune se bat pour que la pédophilie ne soit plus un tabou, et que tout comme pour la prévention routière, les jeunes soient sensibles à ce fléau dès leur scolarisation. Interrogé sur les pédophiles, Jean-Denis Lejeune les considère tout simplement comme : "des malades incurables, qui coûtent cher à la société "Totalement opposé à la peine capitale, le père de Julie désire seulement que la justice se rende responsable de ces actes et qu’elle prononce dorénavant des peines de prison incompressibles pour tout délinquant sexuel. Aujourd’hui, en créant une fondation au nom de "Julie - Mélissa, n’oublier pas !", les familles Lejeune et Rousseau veulent faire prendre conscience que la pédophilie peut toucher n’importe quel de n’importe quel milieu social. Au travers de cette fondation, les parents des victimes de Marc Dutroux se battent pour que chaque enfant sur terre puisse conserver sa dignité et vivre à l’abri de tout abus sexuel. En attendant que le législateur suisse prenne ses responsabilités, et que des projets de lois concernant la pédophilie soient présentée aux citoyens suisses, il ne reste qu’à espérer que les helvètes, à l’heure où l’on parle d’une prochaine libération du sadique de Romont, n’auront pas à subir la terrible épreuve belge.

La fondation des parents de Mélissa et Julie, a besoin de fonds. Si vous voulez contribuer à son action, envoyez vos dons à: ASBL (Association sans but lucratif) Julie, Mélissa, N’oubliez pas ! Société générale de Banque, Nz240.0285928-73-

Gilles Froidevaux et Gérald Annen
CESSOUEST - Nyon, Suisse
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Posté le Vendredi 27/09/1996 à 18:19:44
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