Vendredi 27/09/1996 à 18:31:06

"Nous n’avons que de la matière grise, sauvegardons-la"

Ecole vaudoise en mutation : Clive Loertscher, directeur du Centre d’enseignement secondaire supérieur de l’est vaudois (CESSEV), réagit positivement.
"Je suis satisfait de mon engagement politique". Un engagement syndical, qui, en 1985, a valu à Clive Loertscher, directeur du Centre d’enseignement secondaire su-périeur de l’est vaudois, un séjour dans les geôles polonaises. Libéré au bout de trois mois et demi grâce au soutien d’amis romands, il quitte Varsovie pour retrouver son poste d’enseignant d’histoire et de géographie en Suisse. Au CESSEV, la ren-trée 1996 a été marquée par l’entrée en fonction de cet homme déterminé en tant que directeur. Il arrive à ce poste alors même que le référendum contre l’Ecole Vau-doise en Mutation (EVM) vient d’aboutir. – Que pensez-vous des modifications qu’apporte le projet EVM ? – J’y suis favorable; d’une part parce que l’allongement du cycle d’orientation des 5 et 6e années permet de diminuer le stress des familles et des élèves — de sur-croît, ces derniers jouiraient d’un temps de réflexion plus long quant au choix de leur future section. A relever que le système actuel engendre encore trop d’échecs par rapport aux cantons. D’autre part, avec cette mutation, le secteur primaire se subdi-viserait en deux cycles de deux ans caractérisés par une prise en charge plus indivi-dualisée de l’élève. Le programme serait adapté aux capacités de chacun. EVM pré-voit une initiation à l’allemand dès la quatrième année (les enseignants devront re-cevoir une formation en conséquence). – Peut-on s’attendre à une augmentation du coût de la scolarité ? – Non, il n’y en aura aucune; les coûts plus élevés du cycle d’orientation, dus aux effectifs réduits et à la spécificité de la formation d’enseignant, seraient compensés par la simplification du système secondaire inférieur (7e-9e). Quant aux gymnases, ils ne subiront aucune modification d’ordre financier. – Suite au référendum, craignez-vous la non application de ce projet ? – Les contestataires représentent une addition de petits mécontentements: en ef-fet, les causes de ce refus sont diverses et pourraient conduire à un échec. Les gens doivent avant tout s’informer du sujet avant de critiquer l’instruction publique. En Suisse, la population a le privilège de donner son avis, mais encore faut-il se rensei-gner avant de voter n’importe quoi n’importe comment ! – Ne voyez-vous pas un certain morcellement entre les différents cantons ? – Je ne le pense pas. Nous tendons à une "romando-compatibilité", c’est-à-dire un alignement éducatif entre les cantons, mais en tenant compte des différences de mentalités et de mœurs de chacun. De plus, une administration cantonale permet des décisions plus fines. – Est-il normal que l’on assainisse les finances de l’état de Vaud sur le dos de l’instruction publique ? – Nous pouvons encore nous permettre des concessions matérielles mais il serait très dangereux de mettre en péril la formation des enseignants pour une question d’argent; les nouvelles générations en subiraient les conséquences. En Suisse, nous n’avons pas de matière première, mais de la matière grise. Les gens ne réfléchissent pas assez en attaquant les enseignants sur leurs privilèges. – Quels changements allez-vous apporter au CESSEV ? – Deux aspects essentiels: les étudiants doivent trouver un sens à ce qu’ils font par le biais des enseignants et il faut absolument améliorer la propreté et l’ordre de l’établissement (mégots de cigarettes et détritus). Ceci dit, le corps enseignant doit être soudé et faire preuve de professionnalisme pour affronter cette période de changements. – Que pensez-vous de la montée de l’informatique dans les centres d’enseignements ? – Je ne crois pas que l’on se dirige vraiment vers un "télé-enseignement". Je suis favorable à une initiation à l’informatique. L’ordinateur devient un outil important dans le monde professionnel; il faut savoir s’en servir.
Recueillis par Olivier Meyer et Yannick Papaux
CESSEV - Vevey, Suisse
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Posté le Vendredi 27/09/1996 à 18:31:06
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