"Ma Pornocratie est faite. Ce dessin me ravit. Je voudrais te
faire voir cette belle fille nue chaussée,
gantée et coiffée de noir, soie, peau et velours, et, les yeux
bandés, se promenant sur une frise de marbre, conduite par un
cochon à "queue d'or" à travers un ciel bleu.
Trois amours - les amours anciens - disparaissent en pleurant (...)
J'ai fait cela en quatre jours dans un salon de satin bleu,
dans un appartement surchauffé, plein d'odeurs, où
l'opopanax et le cyclamen me donnaient une petite fièvre
salutaire à la production et même à la
reproduction".
Lettre de Félicien Rops à H. Liesse, 1879.
Certains voient en ce cochon à la queue dorée l'image
de la luxure et du lucre pilotant la femme, qui n'a pour seule excuse
que son aveuglement; d'autres y perçoivent l'image de l'homme,
bestial et stupide, mené en laisse par la femme. Cette image
du cochon, comme celle du pantin ou du pierrot, est partagée
par bien des contemporains de Rops.
Avec Pornokrates, nous assistons à l'avènement
en art d'une femme contemporaine, arrogante, parée, impitoyable que
glorifie Rops.